« La chaîne de désinformation : à qui la faute?« 

Contexte : Bon, Charlie, 5 ans et demi, a eu le covid. En tant qu’enfant se protégeant et protégeant les autres du Covid19, elle a pourtant été parfaite. Par chance, les parents et notamment la maman, qui est à risque, ne l’ont pas contracté. Elle retourne maintenant à l’école.

 

On lui demande si le masque la gêne en classe :

« Pas tant que ça, je ne le mets pas dehors de toute façon, c’est juste poisseux quand il fait chaud. »

Puis après réflexion et un petit rictus, elle ajoute que le souci c’est pas de mettre le masque, mais plutôt que les autres enfants n’arrêtent pas de lui demander pourquoi elle, elle met le masque. Puis elle lâche qu’à un moment, un de ses petits camarades a attrapé son masque, pour le tirer en arrière et le lui lâcher sur le visage en riant.

 

Misère… Bien sûr, un peu plus tard, on va à l’école discuter avec le prof… non masqué en plein pic épidémique. Mais il dit qu’il va être vigilant et ne laissera plus passer. C’est déjà ça, à défaut de solidarité, la non-agression.

Car même seule à agir, Charlie a tout bien fait. Du coup, elle a voulu savoir pourquoi elle avait eu le covid malgré tout, et elle a posé toutes les questions la menant à la responsabilité de cette contamination.

 

Mais comment expliquer à un enfant de moins de 6 ans, la responsabilité collective et/ou individuelle dans une épidémie à transmission aéroportée? Et ceci, alors même que les adultes ont carrément abandonné cette(ces) fameuse(s)responsabilité(s) (l’une comme l’autre, d’ailleurs)?

Digression quasi-contrôlée : Sur facebook, où j’ai le plus de mes anciens amis en contacts,  je transmets des articles sur les dangers d’une contamination effrénée de la population par le covid, notamment pour les mômes. On a accepté de prendre des mesures quand les adultes remplissaient les hôpitaux en 2020. Aujourd’hui les services pédiatriques sont dépassés, et on est  incapables de porter 15 mn des masques dans les transports ou supermarchés pour réduire la pression. Les enfants sont les oubliés de la pandémie, alors qu’ils ne décident de rien et peuvent éventuellement s’en manger les conséquences pendant des années. Mes amis très bien informés sur le climat, et donc le futur des gosses, je me dis que ça peut les intéresser ? (SPOILER : NON).

 

C’est en effet du même acabit que le climat, mais personne JAMAIS, ne like ou ne commente (tabou oblige) ces articles, alors que les publi(s) écolo(s), toujours. Je m’en fiche, je continue en me disant que l’avenir me donnera raison (même si j’espère qu’il me donnera tort, à l’inverse. C’est ce qu’on appelle le principe de précaution).

Pourquoi personne ne répond? Même pour dire qu’ils ne sont pas d’accord ? Je crois que les amis (et la famille) pensent que je leur en veux de ne pas faire attention. En réalité je ne leur en veux pas à eux, ou du moins, pas tant que ça, quand j’y pense sérieusement. Ils n’ont pas conscience de leur vulnérabilité. Souvent, avant d’être malade, on n’est pas forcément malade, et je suis bien placée pour le savoir.

 

Par contre, j’en veux beaucoup aux politiques qui les ont poussés à arrêter de prendre des précautions. Ils ont les capacités de décision, et ne font rien. En toute connaissance de cause, maintenant. On est au deuxième trimestre 2022. Avec déjà plus de 30 000 morts d’Omicron la chance” depuis le début de l’année. Encore pire : ils ne montrent pas l’exemple. Les politiques, en plein pic de mars, sont allés voter sans masque à côté du petit vieux de 100 ans masqué en chirurgical. Et ça passe crème au 20h. Comment imaginer que les gens ne se disent pas “bah moi aussi alors, je peux le faire”? Cela me semble être le premier maillon de la chaîne de responsabilités.

chaine

Le deuxième maillon nous emmène aux enfants qui voient des adultes sans masque en toutes circonstances. Comment le leur imposer dans les transports par exemple, ou en salle d’attente du médecin, alors que les adultes ne montrent pas l’exemple? J’en discutais avec une amie qui aurait voulu imposer le masque à ses petits dans le train pour aller en Alsace, « mais ils voudront jamais, puisqu’ils verront tous les autres gens sans, comment je peux le leur imposer à eux, si les grands ne le font même pas »….

 

Alors, revenons-en à nos moutons. Quand Charlie a eu le covid donc, le seul moment où elle a failli pleurer c’est quand elle a dit « mais pourtant j’ai bien mis le masque » (c’était la seule à le mettre en classe) : elle ne comprenait pas pourquoi elle l’avait contracté du coup, où elle avait « fauté ». Elle cherchait un coupable. Alors on lui a expliqué qu’on savait bien qu’elle l’avait bien mis, mais que ça marche pas toujours, et que ça marche moins bien quand les autres ne le mettent pas (et puis y’a la piscine, les couloirs…). D’ailleurs elle l’a chopé 1 ou 2 semaines à peine après la tombée des masques des autres à l’école. Pic Omicron BA2.

Sauf qu’elle savait qui le lui avait transmis, le virus, bien entendu : c’était Léa, qui était malade en classe le vendredi avec de la fièvre. Elle a donc demandé :

 

-Donc c’est la faute à Léa car elle avait pas le masque?

 

Gênés, on lui a dit :

-Ben non, car Léa elle a fait ce qu’on lui a dit, c’est une enfant, et puis c’est pas non plus la faute des parents de Léa, on leur a dit que c’était bon, que c’était fini, partout à la TV, sauf que c’était pas fini.

 

-Ah bon pourquoi ils ont cru alors? Nous on a pas cru

 

-Ils l’ont cru car c’était dit par le chef. Comme toi, tu crois ce que te dit le maître. C’est lui qui est responsable de ce qu’il dit.

 

Or, Charlie sait que le « chef » c’est le Président. D’où la question suivante,

 

-donc c’est la faute de Lemmanuel Macron?

(elle dit toujours “Lemmanuel”, on sait pas pourquoi).

 

On s’est regardés, et on a répondu oui. Elle avait remonté elle-même la chaîne de désinformation.

 

Ecrit en septembre 2022.

Autrice du texte: Pingouin-Pangolin